Photo choisie par l'auteur Mathilde Primavera pour illustrer son texte
"Elles étaient toutes les deux d'origine française, mais leurs familles bourgeoises pour des raisons politiques obscures avaient voulu s'installer à Buenos Aires avant même leurs naissances.
Dans les années trente le tango argentin battait son plein et avait séduit toute la bourgeoisie, dont elles et leurs maris respectifs.
Elles ne se connaissaient pas jusqu'au soir où elles se sont vues pour la première fois dans une milonga.
Elles ont tout de suite été frappées par leur ressemblance comme si elles se voyaient l'une l'autre dans un miroir.
Aussi, il n'a pas été difficile pour elles de faire spontanément connaissance avec grâce lors d'une pause rafraichissement, après deux heures consécutives intenses à tournoyer, à sautiller, à effectuer des boleos, des ganchos et avoir accepté des barridas et des mordidas.
Elles ont évidemment beaucoup ri au moment des présentations, pensant que chacune faisait une blague à l'autre.
Quand Bernardino et Rodrigo les ont rejoint au comptoir en les nommant par leur prénom identique elles ont immédiatement compris que cette rencontre allait sceller leur destinée au delà de toute imagination.
Elles se sont revues, toujours dans cette grande salle au carrelage sublime noir et blanc, brillant comme de l'ivoire poli et aux lumières tamisées dans les tons de grenat, une bonne dizaine de fois.
Mais, il ne leur a pas fallu longtemps pour comprendre que leurs maris respectifs ne valaient pas plus l'un que l'autre. Elles ne manquaient jamais l'occasion d'évoquer à toute allure, lors d'une pause buvette, ou sanitaire, leurs angoisses vis à vis de ces hommes dans la splendeur de leur machisme exacerbé.
Un samedi où il faisait un temps particulièrement glacial, la milonga était un tantinet désertée par ces messieurs qui sous prétexte de frilosité étaient restés collés au bar, beaucoup plus qu'à l'accoutumée.
Rodrigo et Bernardino étaient encore plus saouls que d'habitude et si leur infidélité à chacun était légendaire, elle se tenait toujours à une distance respectable de leurs épouses jusqu'à ce soir là où leurs pulsions sexuelles dépassaient les bornes en accostant chacun une personne de la gent féminine venues en solo jusqu'à ce bal, mais aussi dans ce même secteur alcoolisé.
Valentine et Valentine étaient restées assises en savourant mutuellement la présence de l'autre.
D'un air entendu elles se sont levées en même temps, sans aucune crispation, avec autant de légèreté qu'un voile qui s'envolerait par une fenêtre laissée ouverte un jour de grand vent.
C'est ainsi que dans un recoin, à l'ombre de tous les regards, elles se sont embrassées pour la première fois.
Quinze jours plus tard, elles s'enfuyaient toutes les deux pour aller vivre ensemble au Mexique où elles y vécurent heureuses jusqu'à la fin de leurs vies."
Dans les années trente le tango argentin battait son plein et avait séduit toute la bourgeoisie, dont elles et leurs maris respectifs.
Elles ne se connaissaient pas jusqu'au soir où elles se sont vues pour la première fois dans une milonga.
Elles ont tout de suite été frappées par leur ressemblance comme si elles se voyaient l'une l'autre dans un miroir.
Aussi, il n'a pas été difficile pour elles de faire spontanément connaissance avec grâce lors d'une pause rafraichissement, après deux heures consécutives intenses à tournoyer, à sautiller, à effectuer des boleos, des ganchos et avoir accepté des barridas et des mordidas.
Elles ont évidemment beaucoup ri au moment des présentations, pensant que chacune faisait une blague à l'autre.
Quand Bernardino et Rodrigo les ont rejoint au comptoir en les nommant par leur prénom identique elles ont immédiatement compris que cette rencontre allait sceller leur destinée au delà de toute imagination.
Elles se sont revues, toujours dans cette grande salle au carrelage sublime noir et blanc, brillant comme de l'ivoire poli et aux lumières tamisées dans les tons de grenat, une bonne dizaine de fois.
Mais, il ne leur a pas fallu longtemps pour comprendre que leurs maris respectifs ne valaient pas plus l'un que l'autre. Elles ne manquaient jamais l'occasion d'évoquer à toute allure, lors d'une pause buvette, ou sanitaire, leurs angoisses vis à vis de ces hommes dans la splendeur de leur machisme exacerbé.
Un samedi où il faisait un temps particulièrement glacial, la milonga était un tantinet désertée par ces messieurs qui sous prétexte de frilosité étaient restés collés au bar, beaucoup plus qu'à l'accoutumée.
Rodrigo et Bernardino étaient encore plus saouls que d'habitude et si leur infidélité à chacun était légendaire, elle se tenait toujours à une distance respectable de leurs épouses jusqu'à ce soir là où leurs pulsions sexuelles dépassaient les bornes en accostant chacun une personne de la gent féminine venues en solo jusqu'à ce bal, mais aussi dans ce même secteur alcoolisé.
Valentine et Valentine étaient restées assises en savourant mutuellement la présence de l'autre.
D'un air entendu elles se sont levées en même temps, sans aucune crispation, avec autant de légèreté qu'un voile qui s'envolerait par une fenêtre laissée ouverte un jour de grand vent.
C'est ainsi que dans un recoin, à l'ombre de tous les regards, elles se sont embrassées pour la première fois.
Quinze jours plus tard, elles s'enfuyaient toutes les deux pour aller vivre ensemble au Mexique où elles y vécurent heureuses jusqu'à la fin de leurs vies."
Trop flattée !!! :)
RépondreSupprimerMerci.
Bien à vous.
Mathilde Primavera.
Des femmes qui prennent leurs vies en mains ne pouvaient que m'intêresser ... Merci à vous
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