L'écrivaine Colette et sa compagne pendant quelques années,
Mathilde de Morny dite Missy.
Madame la Marquise de Morny à l'époque où le tout Paris lesbien l'appelait Monsieur le Marquis. Elle dépensa des fortunes pour Colette : achats de bijoux, d'une maison au Crotoy, financement de spectacles ...
Leur liaison fit scandale d'autant que Colette était aussi danseuse et s'est produite dans une pantomime avec Missy qui jouait un rôle d'homme. Leur baiser sur scène provoqua une bronca orchestrée par les "amis" de la haute société de la Duchesse de Morny (puisque tel était son titre d'aristocrate) qui étaient scandalisés !
"Voire. La main de la marquise saisit la bandelette pendante. Au rythme du thème " oriental ", Colette libère ses bras, une épaule... Alors, comme un coup de lame, le premier sifflet, qui n'est que le signal pour un concert de dizaines d'autres. Et puis les cris, les beuglements, tout un orchestre cruel qui tend à couvrir celui du Moulin. " Tiens bon, Missy! ", crie Colette. Elle peut crier, bien qu'elle exécute une pantomime : personne, déjà, ne peut plus l'entendre. Un sein apparaît maintenant. "Je t'aime... ", articule Missy. Les Morny, les Murat, le jockey Club et leurs hommes de main se déchaînent, malgré les protestations et les applaudissements de ceux qui sont venus là pour seulement se rincer l'œil. Dans une loge, reconnaissable entre tous avec son
"impériale" et son haut crâne dégarni, Willy se lève et crie "Bravo!". On le reconnaît, on se détourne un instant vers lui pour lui lancer des "Cocu ! Cocu!". C'est un inimaginable hourvari au milieu duquel les deux femmes continuent à mimer la passion. Un malin lance de la monnaie sur le plateau. Elle est bientôt rejointe par des épluchures d'orange, des coussins et même - ô prévoyante muflerie - des gousses d'ail. Missy renverse Colette pour, comme prévu, cacher sa nudité. Le rideau tombe avec précipitation, mais la bataille continue. On enchaîna comme on peut le final de la revue, tandis qu'une partie de la salle gagnait les couloirs, avide de contempler la raclée que les hardis bonapartistes, faute de pouvoir châtier deux faibles femmes, promettaient d'infliger à Willy, supposé être l'auteur occulte de ce honteux divertissement..."
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