Texte
écrit pour la Ladyfest de Rennes dans le cadre d'un atelier "no
gender". Ce texte illustre parmi beaucoup d'autres, une performance de
Rachele Borghi. (texte réutilisable, imprimable en citant la source)
Je me définis No gender parce que je
n'appartiens pas foncièrement à un genre donné. Sans doute que cela se
rapproche des FtX ou FtUnknow (female to x, female to Unknow)
mais je n'aime pas, pour moi, le Female to parce que je ne
transitionne pas, je ne transitionnerai sans doute jamais et que je me sens
dans ce genre fluide depuis toujours sans ce besoin d'aller vers...
Je me fous qu'on me féminise
mais j'aime aussi qu'on masculinise, souvent d'ailleurs, en privé, dans mes
relations, parce que j'en ai besoin, parce que j'aime être dégenrée mais aussi
parce que je me sens parfois un parfait connard amoureux. Aussi parce que ça
arrive souvent que ce soient mes relations qui le fassent. Elles le sentent
et/ou elles le savent parce qu'on en parle, parce que c'est ce qui les attire,
cet étrange mélange féminin-masculin présent, ce genre ambivalent.
Ce ressenti, c'est dans les
tripes, ça vient de loin. Je n'ai aucun besoin de changer mon corps, celui ci
s'adapte à mes propres désirs, avec ses propres attitudes, qu'elles soient
masculines ou parfois plus féminines.
Je n'ai jamais lu les théories
sur le genre. Je ne suis pas une théorie. Je suis complexe et enchevêtré dans
plusieurs sensations. C'est un beau bordel.
Je ne suis pas un homme mais je
ne suis pas entièrement une femme. Je suis moi, une entité sans définition
claire de genre. Oui, on m'a assigné meuf dès ma naissance mais ça ne m'a
jamais posé de souci puisque j'ai sans doute eu la chance d'avoir toujours eu
ce fort caractère et d'avoir pu imposer depuis tout môme ma façon d'être. Pas
de jupe, ni d'autres effets féminins mais pas de mécanique non plus. Le trouble
putain, le trouble encore.
Je me ballade avec une sorte de
corps bourré de sa propre liberté d'être. Je ne
sais pas si tout est clair. Pour moi, ça l'est parce que c'est tellement
profond. C'est aussi pour ça que ma parole ne sera toujours que ma parole.
Jamais je ne pourrais dire ou
écrire là dessus pour d'autres parce que l'intime ne touche qu'à soi-même (même
si on partage cette intimité)
Je suis et j'espère, serai,
toujours fière d'avoir un vagin, d'être une meuf, une gouine. Même si parfois,
j'ai un rejet de mon corps, ce n'est d'ailleurs pas le fait d'être une meuf qui
me dérange. C'est plutôt lié à la grosseur de ce corps. Ça aussi, ce serait un
sacré sujet d'échange, parce qu'il y en a dire sur ces putains de normes qu'on
nous impose et que parfois, même entre nous, je peux sentir bien présentes. Je ne juge pas puisque moi
aussi je me les inflige ces foutues codes, ces standards.
Je ne réfléchis jamais en posant
la notion de genre. Je réfléchis en étant qui je suis, de l'intérieur un
cerveau plat ou bouillonnant mais jamais genré.
J'existe à travers ce trouble
mais aussi par cette force, cette liberté. Je m’octroie le droit d'être ce que je décide quand je le décide. Rien
n'est posé, rien n'est parfait.
Peut-être qu'en étant gouine,
butch, j'ai eu la chance aussi d'avoir pu expérimenter toute
sorte de sexualités avec des meufs, que j'ai ainsi pu me retrouver avec d'autres
butch dans des relations plutôt "pd", avec des fem plus dans une sorte de binarité mais même là,
le trouble existe. Je ne prends jamais autant de plaisir que quand une fem me
baise en se collant derrière moi. Soumise et insoumise. Masculine et femme. Ou
rien de tout ça.
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