A destination de M. Philippe Val, directeur de France Inter.
auditeurs.inter@radiofrance.com et philippe.val@radiofrance.com
Objet : Réaction aux propos scandaleux d’Ivan Levaï sur le viol sur votre antenne jeudi 6 octobre
Monsieur,
Lors de l’émission « Comme on nous parle » du jeudi 6 octobre, Ivan Levaï a tenu sur votre antenne des propos scandaleux sur le viol.
Ainsi, comme des millions d’auditrices et d’auditeurs, j’ai pu entendre que pour qu’il y ait viol, il fallait « un couteau, un pistolet, etc. » et que 10% des plaintes pour viol relevaient du « fantasme ».
Ces propos me révulsent.
Ces propos sont faux et démontrent que leur auteur méconnait totalement le phénomène du viol en tant que fait de société.
Les féministes ne cessent de rappeler la réalité des violences faites aux femmes en France. Elles ont rappelé que 75 000 femmes sont violées par an en France. Contrairement à ce que soutient M. Levaï, il n’y a pas 75 000 plaintes par an : seulement 10% des femmes violées portent plainte. Seulement 2% des violeurs sont condamnés. Dans 8 cas sur 10, la victime connait son violeur. Voici la réalité du viol dans notre pays, en 2011.
Je vous rappelle également qu’aux termes de l’article L. 222-23 du Code pénal, « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol ». Pas besoin de couteau ou de pistolet, donc.
L’intervention d’Ivan Levaï n’est qu’un amas d’idées reçues sur le viol. Ces idées reçues sont contredites, chaque jour, par de nombreuses enquêtes quantitatives et qualitatives fiables et par ce que les associations qui accompagnent les victimes observent au quotidien.
Ces propos me révulsent aussi parce qu’ils sont de nature à renforcer la chape de plomb qui pèse déjà très durement sur toutes les femmes violées. Ivan Levaï nous a expliqué qu’une partie des femmes qui portent plainte, qui sont déjà si peu nombreuses, sont des affabulatrices. M. Levaï confond manifestement les chiffres : 10%, ce n’est pas le pourcentage de plaignantes qui fantasment un viol, mais le nombre de victimes de viol qui osent porter plainte. Dans les affaires de viol, la culpabilisation des victimes est permanente. Leur parole est toujours remise en cause. Le combat pour que la honte change de camp doit être mené chaque jour sans relâche. Le 6 octobre, sur votre antenne, il a reculé.
Comme vous, je suis attachée à la liberté d’expression. Et vous n’êtes bien entendu pas responsable de tous les propos qui sont tenus par vos invités. En revanche, votre responsabilité est de ne pas laisser dire de telles contre-vérités sans réagir. Votre responsabilité de journaliste est de rappeler la réalité à des invités ou à des journalistes de votre rédaction qui la piétinent sans vergogne.
Je ne doute pas que vous saurez faire en sorte que ce type d’épisode ne se reproduise pas sur votre antenne. J’espère également que vous inviterez une association féministe de lutte contre les violences faites aux femmes dans l’émission « Comme on nous parle » afin qu’elle puisse rappeler la réalité du viol en France.
Je vous remercie par avance,
NOM, Prénom
J'ai moi aussi été scandalisé par les propos de ce "monsieur"! Je viens donc d'envoyer ce mail à France Inter
RépondreSupprimerAmitiés
Merci Alain! tu as raison, car il bafoue également, lui et d'autres (voir propos tenus sur RMC post précédent),les hommes de qualité qui ne prennent pas les femmes pour des objets sexuels mais pour des êtres humains !
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